Je ne conçois pas les lectures que je peux faire, les films que je peux voir ou les échanges auxquels je peux assister, quels que soient leurs auteurs et leur prestige, comme des sources de connaissances auxquelles je dois boire et me remplir, contenant en elles toutes les réponses dont je pourrai avoir besoin ou toutes les confirmations qu'il me manque. Par contre j'envisage chacune comme une opportunité de réflexions personnelles, une occasion de progresser en cherchant à être toujours plus juste avec moi-même et ma conception des choses, quitte parfois à tout remettre en question.
Cette page, complémentaire de mes publications sur Facebook, a donc pour vocation de partager cette invitation aux cheminements comme chacun d'eux a pu provoquer en moi. Elle me permettra aussi de partager des articles spécifiques (tous perfectibles) sur des thèmes que j'essaierai autant que possible de rendre concrets et abordables.
Ainsi ces partages auront la même ambition: ne pas servir de références mais d'étincelles pour vous permettre d'allumer vos propres questionnements, de trouver votre propre voie, d'être votre propre source.
« La formation du praticien en psychothérapie ne relève pas uniquement d’une démarche cognitive – acquisition d’un savoir universitaire - . Elle se fonde sur 3 points essentiels :
° L’expérience de la gestion de ses conflits inconscients et de sa posture face aux difficultés existentielles, qui lui sera apportée par sa thérapie personnelle.
° Une formation professionnelle au cours de laquelle il acquerra et expérimentera le corpus théorique auquel il se réfère.
° Une formation qui perdurera au cours de l’exercice de sa profession lorsqu’il exposera son travail au regard de ses pairs, lors de sa supervision. Ceci amenant le plus souvent la poursuite de son travail personnel.
Quelle que soit l’approche thérapeutique envisagée, toutes tentent, par diverses méthodes, de mettre à jour des modes d’être inappropriés, reliquats d’expériences infantiles du patient et de favoriser chez lui l’exploration de nouvelles voies.
Thérapie personnelle du thérapeute, formation et supervision seront alors les garants de sa propre capacité à amener son patient vers une conscience plus fine et une meilleure gestion de sa vie. Évitant au thérapeute de reproduire et d’agir dans la relation ses propres enjeux inconscients au détriment de la bonne marche de la thérapie.»
Marie Petit, docteur en anthropologie normale et pathologique, psychologue clinicienne, psychanalyste, psychothérapeute, auteur de " La Gestalt, thérapie de l'ici et maintenant "
J'ai récemment eu la chance de rencontrer, de discuter et de suivre une formation prodiguée par Yves Lefebvre. Outre la joie de partager ce moment avec une personne aussi affûtée et expérimentée que passionnante à écouter, dans une recherche permanente dans la précision des mots, leur vrai sens, tellement révélateur, et un si grand respect pour eux, j'ai pu donc recevoir son partage d'expériences si nombreuses après 40 années de pratique de ce membre de la commission de déontologie du Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie relationnelle et Psychanalyse.
Après avoir bien résolu le flou qu'il pouvait y avoir entre morale (l'idéal du bien face au mal), loi (qui formule et fait appliquer les sanctions aux infractions à la morale) et éthique, nous avons donc pu explorer cette dernière dans le cadre de la relation thérapeutique. C'est à dire ce qu'elle implique dans notre présence durant la séance, notre responsabilité, l'intention qui est sous-jacente et qui est la clef de voûte de cette relation pour qu'elle soit sincèrement aidante et pérenne.
Ainsi, elle n'est pas un code de conduite mais une philosophie fondatrice, cherchant ce qui est utile et juste pour la psychothérapie, un travail sur soi et une remise en question permanente de la part du praticien bordés et facilités par la supervision. C'est justement de l'éthique que naissent les codes de déontologie de notre profession: «Les justes lois et les justes morales naissent de l'éthique». Elle rend sûre et donc envisageable la rencontre entre une personne et son thérapeute, lui aussi une personne, et complète en tant que troisième force cette relation «comme un philosophe assis dans la salle».
L'éthique prend ainsi la place du tiers, tiers catalyseur du développement chez l'humain et garantissant à la personne de découvrir l'autonomie nécessaire pour se réaliser et devenir réellement «le sujet de sa propre vie».
Des échanges, des exemples et un apprentissage qui me permettront de toujours m'interroger sainement sur ma pratique au quotidien. S'y joint un ouvrage que je possédais déjà et qui, sous tous ces nouveaux éclairages, prend encore plus de sens et permet de se sentir moins seul face à certains choix ou certains silences.
A mon humble avis une référence à avoir et sur laquelle s'appuyer en tant que praticien.
X.K (04/2023)
Tout ce qui est «psy» paraît de prime abord compliqué et alambiqué, avec un jargon ésotérique propre qui peut paraître réservé aux initiés... et à bien y réfléchir ce n'est pas tout à fait faux ! Je m'en aperçois quand je dois expliquer que je suis «psychopraticien» (c'est à dire « praticien en psychothérapie», et non «psychothérapeute»... aïe ça commence!) face un interlocuteur souvent vite perdu alors qu'il cherchait juste à y voir plus clair et, si possible, comprendre.
Voici donc un petit article (un peu long tout de même) pour vulgariser, bien définir qui-est-qui et qui-fait-quoi, comme tentative de rendre cela limpide.
Alors quelles sont les différences qu'il y a entre les membres de la grande famille des «psy», incluant les psychiatres, les psychopraticiens relationnels, les psychanalystes, les psychothérapeutes, et bien sûr les psychologues?
- Le psychopraticien relationnel (ce que je m'applique à être) pratique la psychothérapie, c'est à dire, comme ce mot l'indique, des «soins» non médicaux de la psyché («Ensemble des processus conscients et inconscients propres à chaque individu» Larousse), par l'écoute et/ou à l'aide de techniques actives. Cela peut se faire en séances individuelles, en couple, en groupe. Sa pratique ne se focalise pas sur la maladie mais sur la personne elle-même et sur la qualité de la relation unique dont il va faciliter l'instauration. J'irai jusqu'à dire qu'ici le praticien ne cherche pas à guérir les symptômes, mais au contraire suivre avec la personne, le chemin qu'ils indiquent pour atteindre ce qui appelle à être découvert et émerger (ce qui entraîne la disparition du ou des symptômes qui n'ont plus lieu d'être). Je dis souvent qu'il est, grâce à la qualité de son écoute et de la relation, l'oreille dont la personne avait besoin pour s'entendre elle-même.
Il ne délivre pas de médicaments.
Il a suivi une psychothérapie personnelle approfondie (ou une psychanalyse) et une importante formation théorico-pratique dans une ou plusieurs écoles reconnues. C'est donc un expert pratiquant un art particulier auquel il est spécialement formé: la psychothérapie.
Le psychiatre: il s'agit d'un médecin, c'est à dire une personne qui a franchi toutes les étapes du cursus en médecine, puis s'est ensuite spécialisé en psychiatrie (comme d'autres le feront en chirurgie par exemple) via un DES (diplôme d'études spécialisées, dans notre cas en maladies mentales) soit 10 ans d'études au total. Il est le seul de cette liste à pouvoir prescrire des médicaments ou un arrêt de travail si nécessaire.
Le rôle du psychiatre est d’établir un diagnostic établi à partir d'une évaluation complète incluant un examen mental, un examen physique, des analyses de laboratoire, de l’imagerie médicale.
En fonction du diagnostic, le psychiatre traite lui-même la maladie mentale ou coordonne le traitement à donner à son patient. Il peut ainsi proposer : une psychothérapie, des médicaments, ou encore différentes techniques de neurostimulation.
Le psychologue: il a étudié pendant 5 ans à l'université le fonctionnement des mécanismes mentaux sous-jacents et induisant les comportements humains. Une partie des psychologues n'a donc pas vocation à aider un patient et l'exercice de la psychologie ne se limite pas à ce que l'on appelle la «consultation clinique», comme les psychologues cognitivistes, du développement (de l'enfant), du travail, du sport... «Psychologue clinicien» est donc une spécialisation dans «l'étude de la conduite humaine individuelle et de ses conditions» (hérédité, maturation, conditions psychologiques et pathologiques, histoire de vie), en un mot l'étude de la personne en situation. Elle utilise comme technique l'entretien et l'examen psychologique avec des tests» (Lagache).
Le psychanalyste: terme définissant un praticien en soin psychique, formé, suite à un long parcours psychanalytique personnel, par une société savante qui dispense à ses membres une formation continue de qualité, agréée par cette dernière.
Il est constant qu'être psychanalyste représente une posture qu'aucun diplôme ne saurait garantir. La psychanalyse se caractérise comme une théorie et une méthodologie traitant de l'inconscient, à partir de la pensée de Freud, inspiratrice de nombreuses autres pratiques dans le domaine de la psychothérapie et qui se répartit en de multiples écoles (Freud, Jung, Lacan...).
-Le psychothérapeute (les complications commencent!): il est médecin, psychologue ou psychopraticien relationnel, l'ARS (l'Agence Régionale de Santé) lui donne son titre avec un numéro ADELI après la validation d'une formation universitaire en psychopathologie, un stage de 5 mois et son inscription au registre des psychothérapeutes. Le décret précise que « l'accès à l'inscription sur le registre national des psychothérapeutes est subordonnée à la validation d'une formation en psychopathologie clinique de 400 heures minimum et d'un stage pratique d'une durée minimale correspondant à cinq mois effectué . Il s'agit donc d'un titre protégé et encadré par la loi.
Attention ! (c'est là où ces routes relativement distinctes peuvent se croiser et semer un vrai flou) des médecins psychiatres ou des psychologues peuvent être psychopraticiens relationnels ou psychanalystes parce qu'ils ont eu même suivit une psychothérapie personnelle ou/et une formation pratique sérieuse à la psychothérapie ou à la psychanalyse en plus de leurs études universitaires.
Quelles sont les méthodes ou disciplines pratiquées?
Les méthodes sont nombreuses en apparence, mais plus j'écoute ceux qui me les présentent, plus je lis les tenants et les aboutissants de ces approches, plus les recoupements ou les similitudes apparaissent évidentes sous de nombreux aspects, il s'agit bien souvent d'un angle d'attaque légèrement différent et de termes qui parlent, au final, de la même chose et bien souvent se complètent. Nous pouvons les regrouper en grandes familles : verbales, psycho-corporelles, d'inspiration psychanalytique, existentialiste ou cognitiviste.
On peut distinguer de grandes familles:
- Les psychanalyses, les psychothérapies verbales et psycho-corporelles. La base du travail est fondée sur la relation et le fait que la personne qui consulte soit considérée comme un sujet accompagnée par un autre sujet (un professionnel: le praticien) dans une relation dans la découverte et la compréhension de soi, de ses problèmes et de ses ressources à partir de l'écoute et du dialogue.
- Les psychothérapies comportementales, cognitives et systémiques, qui aident la personne à situer son problème, à définir un but souhaité et mettent au point avec elle une stratégie pour le résoudre et l'atteindre. Elles utilisent parfois la prescription de comportements ou le conseil.
Que l'on soit diplômé de médecine, de psychologie ou autres, un diplôme universitaire ne donne pas de compétences pratiques dans le domaine de l'art psychothérapique. Pour trouver une image peut-être plus parlante : ce n'est pas parce qu'un individu a un diplôme attestant de qu'il a réussi brillamment ses études en géologie qu'il est devenu un guide de haute-montagne. Ce n'est seulement en arpentant celle-ci, en éprouvant lui-même ses sentiers, les conditions, en découvrant ses propres limites, en les travaillant, et en ayant l'expérience (soutenue bien sûr par des connaissances) que chaque voyage se fera avec un maximum de sécurité, de prévenance et de légitimité pour ceux que celui-ci accompagnera, quelle que soit son origine dans cette liste de « psy » complémentaires...
Enfin, reste un élément qui pourrait être le sujet d'un nouvel article: si ces différents "psy" peuvent correspondre en théorie à votre besoin, se basent sur une approche qui peut vous convenir en tout point, appuient la thérapie sur un type de relation qui vous inspire, le "psy" que vous aurez en face de vous, vous convient-il en tant que personne? C'est certainement là le choix le plus important que vous aurez à faire et il ne tient bien souvent qu'à votre intuition... et la suivre n'est-ce pas là, déjà, le début de la thérapie?
X.K (d'après F.Baraban) (04/2023)
Voici un écrit d'Alice Miller, tiré de son site (https://www.alice-miller.com/), qui a circulé récemment sur les réseaux sociaux.
Je me permet de le reprendre ici car, en plus de nous apporter la pensée et le ressenti d'Alice Miller, il me paraît assez révélateur de ce qui peut appeler à suivre une thérapie, les limites de celle-ci, mais surtout son sens, ce vers quoi elle tend et, au final, nous fait tendre intimement.
Même s'il peut sembler un peu long, il résume, à mon humble avis, en mots simples ce qui pourrait prendre des livres entiers à décrire, et devrait amener à la réflexion beaucoup de thérapeutes.
«Au cours de mon existence, aucun chemin n'a été aussi long à suivre que celui qui m'a menée à moi-même. Je ne sais pas si je suis une exception, ou si d'autres sont aussi passés par là. Certainement, certains y échappent, car il y a heureusement des personnes qui ont eu la chance d'être pleinement acceptées par leurs parents depuis leur naissance pour ce qu'elles étaient, avec leurs sentiments et leurs besoins. Elles y ont eu accès dès le départ, il ne leur a pas fallu les refouler, et elles n'ont pas été obligées d'emprunter des chemins très longs pour trouver ce qu'elles n'ont pas reçu au bon moment. Ce que j'ai vécu moi, c'est que toute une vie m'a été nécessaire pour que je m'autorise enfin à être comme je suis et à entendre ce que ma vérité intérieure me dit de façon de moins en moins cryptée, sans attendre une autorisation de l'extérieur, de la part de personnes qui symbolisent mes parents.
On me demande régulièrement ce qu'est pour moi une thérapie réussie, bien qu'indirectement j'en aie décrit les éléments dans différents livres. Mais après cette courte introduction, je suis peut-être en mesure de le formuler plus simplement : une thérapie est réussie dans la mesure où elle contribue à raccourcir le long chemin qui mène à se libérer des anciennes stratégies d'adaptation et à apprendre à faire confiance à son propre ressenti, ce que nos parents ont rendu difficile et quelquefois impossible. Nombreux sont ceux et celles pour qui ce chemin reste barré, parce que l'accès en a été interdit dès le début et que de ce fait on est rempli de crainte à l'idée de l'emprunter. Plus tard, le rôle que tenaient les parents est repris par les enseignants, les prêtres, la société, la morale, tant et si bien que la crainte devient dure comme du ciment, et chacun sait qu'il est fort difficile de ramener du ciment à l'état liquide.
Les nombreuses méthodes d'auto-apprentissage de la communication sans violence, ainsi que les conseils précieux et avisés de Thomas Gordon et Marshall Rosenberg, sont très certainement efficaces quand les personnes qui en font usage ont eu dans leur enfance la possibilité de manifester leurs sentiments sans se mettre en danger, entourées d'adultes dont la capacité à vivre au plus près d'eux-mêmes a pu leur servir de modèle. Mais les enfants gravement blessés dans leur identité ne sauront pas plus tard identifier ce qu'ils ressentent et ce dont ils ont véritablement besoin. Il leur faut d'abord en faire l'apprentissage au cours d'une thérapie, le vivre et ensuite le vérifier par de nouvelles expériences aussi souvent que nécessaire, jusqu'à acquérir la certitude qu'ils ne se trompent pas. Car ces enfants d'adultes émotionnellement immatures, ou même perturbés, ont dû tout le temps croire que leurs sentiments et leurs besoins étaient faux. Ils se disent que s’ils avaient été vrais, leurs parents n'auraient quand même pas refusé d'établir la communication avec eux.
Je pense qu'aucune thérapie n'est capable de satisfaire le désir que ressentent sans doute bien des personnes, que soient enfin réglés tous les problèmes auxquels elles se sont heurtées douloureusement jusqu'alors. Ce n'est pas possible, parce que la vie nous confronte et nous confrontera toujours à des problèmes nouveaux, susceptibles de réactiver les vieux souvenirs dont le corps a gardé l'empreinte. Mais une thérapie devrait ouvrir la voie qui mène à ses propres sentiments, l'ancien enfant blessé devrait être autorisé à parler, et l'adulte devrait apprendre à comprendre son langage et à en tenir compte. Si le thérapeute a été un véritable témoin lucide et non un éducateur, son patient aura appris à laisser percer ses émotions, à comprendre leur intensité et à en faire des sentiments conscients, qui à leur tour laissent dans la mémoire des empreintes nouvelles. Naturellement, l'ex-patient, comme n'importe quelle autre personne, aura besoin d'amis avec lesquels il pourra partager ses soucis, ses problèmes et ses questionnements, dans une forme de communication plus mature, dans laquelle les rapports d'exploitation ne joueront aucun rôle parce que les deux parties ont déjà pris la mesure de l'exploitation subie dans l'enfance.
La compréhension émotionnelle de l'enfant que j'étais, et par là même aussi de son histoire, modifie ma façon d'accéder à moi-même, et me donne de plus en plus de force pour traiter autrement, plus rationnellement et efficacement, les problèmes qui apparaissent aujourd'hui. Ne plus jamais connaître de souffrances ni faire d'expériences douloureuses, ce serait quasiment impossible, cela n'existe que dans les contes. Cependant, si je ne suis plus une énigme pour moi-même, je peux avoir une réflexion et une action conscientes, je peux laisser de l'espace à mes sentiments, parce que je les comprends et qu'ils ne me font donc plus autant peur. C'est comme ça que les choses peuvent bouger, et l'on a aussi une sorte d'outil entre les mains qui peut être utile si une dépression ou des symptômes corporels viennent à réapparaître. On sait alors qu'ils annoncent quelque chose, qu'ils veulent peut-être faire remonter à la surface un sentiment réprimé, et on essaie de le laisser s'exprimer.
Comme le chemin qui mène à soi-même se prolonge sur toute la vie, il ne s'arrête pas avec la fin d'une thérapie. Mais on peut attendre d'une thérapie réussie qu'elle aide à découvrir ses propres besoins véritables, à les prendre en compte et à apprendre à les satisfaire. C'est précisément ce que les enfants blessés très tôt dans leurs vies n'ont jamais pu apprendre. Après une thérapie menée par un thérapeute, on devrait donc aussi être capable de satisfaire ses propres besoins, qui apparaîtront désormais beaucoup plus nettement et avec plus de force, d'une manière qui corresponde à l'individu concerné, et sans nuire à personne. Les restes d'une éducation reçue très tôt ne se laissent pas toujours éliminer complètement, mais on peut les mettre en œuvre de façon constructive, active et créative si on les prend en compte en toute conscience, au lieu de les subir de façon passive et autodestructrice comme avant. C'est ainsi qu'une fois devenu un adulte conscient, un individu dont la survie avait dépendu de ce qu'il avait réalisé pour complaire à ses parents devient capable de cesser de faire le sacrifice de ses besoins en servant les autres en priorité, comme il lui fallait le faire lorsqu'il était enfant. Il peut rechercher des chemins sur lesquels il déploiera ses capacités précocement acquises à comprendre les autres et les aider, sans négliger pour autant ses propres besoins. Il est possible qu'il devienne thérapeute par exemple, et qu'il satisfasse ainsi son envie de connaître, mais il ne fera pas ce métier pour se prouver sa puissance, car il n'a plus besoin de cette preuve, maintenant qu'il a revécu son impuissance d'enfant.
Il peut devenir un témoin lucide qui propose à son patient un accompagnement engagé. Il faudrait que cela se fasse dans un espace où n'existe aucune pression morale, dans lequel le patient fait l'expérience (souvent pour la première fois de sa vie), de ce que c'est que de sentir son vrai Soi. Et le thérapeute est en état de mettre d'emblée cet espace à disposition si lui-même a déjà fait cette expérience. Alors il est prêt à laisser tomber les vieilles béquilles, celles de la morale comme celles de sa formation (le pardon, les " pensées positives ", etc...). Il n'en a plus l'utilité, parce qu'il voit qu'il a des jambes en bon état, et son patient également. Ni l'un ni l'autre n'ont plus besoin de ces béquilles dès qu'ils font tomber les voiles qui dissimulent ce que furent leurs enfances. »
Alice Miller Juin 2005
« Le chemin le plus long – ou que faut-il attendre d’une psychothérapie ? »
De nombreuses situations et souffrances nécessitent l'écoute et l'attention d'un thérapeute. Cependant, il arrive souvent que, même si ce soutien est indispensable, la personne ait des difficultés, voire soit dans l'impossibilité de se rendre au cabinet du psychologue choisi. Une alternative consiste à maintenir le cadre du face-à-face « réel » (par opposition à une consultation en visioconférence), essentiel pour certains, en demandant au professionnel de se déplacer chez la personne.
Pour qui?
La consultation à domicile peut concerner un public assez large, les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants et adolescents victimes de harcèlement ou de phobies scolaires, les personnes handicapées, celles souffrant d'agoraphobie, de troubles anxieux, de dépression ou d'addictions... au final des individus ont un réel besoin du confort et de l'intimité de leur domicile pour se sentir en confiance et écoutés.
Par ailleurs, un emploi du temps chargé, un manque de moyens de transport, des contraintes extérieures ou organisationnelles, ou encore l'impossibilité de s'absenter longtemps de son domicile (comme dans le cas des proches aidants), peuvent également intervenir. Ces facteurs sont souvent à l'origine de reports fréquents, voire indéfinis, de rendez-vous pourtant nécessaires et de leur régularité.
Pourquoi ?
Certaines personnes éprouvent une véritable difficulté, voire un blocage, à se rendre dans un cabinet. L'environnement d'un bureau peut leur sembler trop insécurisant ou impersonnel. L'accompagnement à domicile permet d'être écouté dans un cadre familier et rassurant. Ce sentiment de sécurité favorise les échanges et contribue à instaurer la confiance entre le patient et le thérapeute, élément indispensable à tout travail psychologique, qu'il soit de soutien ou de nature psychothérapeutique. Dans tous les cas mentionnés, la thérapie à domicile permet de surmonter certains obstacles et facilite ainsi le processus thérapeutique.
Comment ? (ou l'importance d'un cadre)
La confidentialité de l’échange thérapeutique constitue un défi pour ce type de consultation. Comment gérer les interruptions inattendues des autres occupants du foyer ? Il est essentiel de définir le cadre dès le premier entretien téléphonique. Les conditions doivent être clairement précisées : tarif, durée de la séance, approche thérapeutique, prise de rendez-vous avec un horaire optimal et, bien entendu, les attentes du patient.
L'espace dédié à la séance doit être entièrement privatisé pendant toute sa durée : un parent soufflant des réponses, un conjoint s’immisçant ou un membre du foyer voulant « savoir ce qui se passe » – même avec de bonnes intentions – peuvent briser la confidentialité et exercer une pression dévastatrice sur le patient, le poussant à se taire ou à se censurer, alors qu'il pensait avoir un espace personnel.
Le thérapeute doit recréer et imposer au domicile du patient le cadre sécurisé du cabinet. Il ne s’agit pas d’une visite amicale ni d’un moment pour discuter autour d’un café, mais bien d’une séance thérapeutique professionnelle.
Avantages et inconvénients:
Ici, c'est la personne qui accueille le thérapeute, ce qui peut être bénéfique pour l'échange et constitue une étape importante vers l'alliance thérapeutique, marquant une véritable confiance. Le thérapeute, en étant dans l'environnement du patient, peut y trouver des éléments enrichissants sur son mode de vie.
Cependant, il doit éviter de tomber dans le piège de la sur-interprétation de ces informations. Son rôle principal est d'écouter la personne qui lui confie ses paroles, suivre le rythme de celle-ci et non de mener une enquête ou de tirer des conclusions hâtives.
Pour les personnes dont les limitations physiques rendent les séances à domicile indispensables, ces consultations sont cruciales. Toutefois, le but d'une thérapie est de rendre le patient autonome, capable de se déplacer, et ces séances à domicile peuvent être des étapes préliminaires avant qu'il puisse se rendre au cabinet. Elles ne sont donc pas nécessairement une fin en soi, mais des étapes pertinentes. Cette approche ne peut perdurer que si le patient y trouve un véritable bénéfice.
En conclusion:
Les visites à domicile présentent un réel intérêt pour un large public. En plus de leur aspect pratique, ce mode de rendez-vous thérapeutique peu conventionnel peut offrir un plus grand confort pour enfin être écouté, ainsi que dans le processus d'écoute lui-même. Parfois, elles peuvent même représenter la solution la plus adaptée là où les consultations traditionnelles semblaient inenvisageables dans la situation actuelle. X.K